Aide et soins à domicile
Depuis que Pléiades la joue coopératif
Publié le 01/08/2024

La Société coopérative emploie environ 300 collaborateurs. © Archives A.M.
Il y a pile un an, le tribunal judiciaire de Saint-Étienne validait le dossier permettant de transformer l’association en Société coopérative et participative (Scop) ou des salariés sociétaires sont aux manettes. Un pari réussi ? Le point avec les équipes.
De salariés à salariés sociétaires… 90 collaborateurs sur les 300 qu’emploie la structure d’aide et soins à domicile ont franchi le pas en décidant d’investir de leur poche pour transformer l’association en Scop. Une décision validée par la Justice il y a pile un an et devenue effective depuis octobre dernier. Avec en ligne de mire l’objectif d’apporter un nouveau souffle à Pléiades, après des années mouvementées.
La structure a en effet connu des moments difficiles, entre plan de continuation, crise sanitaire et procédure de liquidation judiciaire… « Tous ces tsunamis ont généré pas mal de fatigue et de stress », rappelle le directeur général et président du conseil d’administration Christophe Damiron. Pour rebondir, l’équipe a donc décidé de se serrer les coudes et d’avancer unie. « Le modèle coopératif, ça a été une évidence. C’est dans notre ADN d’économie sociale et solidaire », justifie le responsable.
« On ne regrette pas notre choix »

Trois salariées sociétaires
Si pour les 3.000 clients l’évolution a été transparente ou presque, en interne, c’est une véritable révolution qu’ont dû opérer les salariés. « Il a fallu mener un gros travail de pédagogie. On apprend collectivement à gouverner cette société », témoigne le directeur. Pléiade peut compter sur le soutien de l’Union régionale des Scop, présente à ses côtés depuis la genèse du projet. « On se sent épaulés et moins seuls », se félicite Christophe Damiron.
Huit mois de gouvernance collégiale plus tard, quel premier bilan est dressé ? « Les équipes ont montré leur capacité à surmonter les épreuves et à garder l’envie », souligne en premier lieu le responsable. Qui n’élude pas certaines difficultés, notamment administratives, qui ont mobilisé beaucoup d’énergie. Pléiades a notamment dû revoir tous ses logiciels. L’organisation a également été remise à plat. « Mais tout le monde est resté mobilisé », insiste Christophe Damiron.
Dans les objectifs
Côté activité et santé financière, entre octobre et décembre derniers, la structure a généré 70.000 euros de résultats nets, sur près de 10 millions de chiffre d’affaires. Peu, mais symbolique. De quoi reverser une prime de participation aux sociétaires. Quant à l’année 2024, la Scop est alignée sur ses objectifs, « même si ça reste difficile », concède le directeur, « inquiet » notamment d’un contexte national « compliqué » et des difficultés récurrentes de recrutements qui freinent le développement ( lire ci-dessous ). Car les besoins en main-d’œuvre sont importants : Pleiades recherche 40 personnes.
Si la Scop travaille en permanence à consolider son cœur de métier, elle mise, en parallèle, sur de nouveaux services pour accroître son activité ( lire ci-dessous ). Pour ce faire, elle peut à nouveau compter sur ses équipes « qui ont montré leur résilience, leur capacité à surmonter les tempêtes et à garder l’envie ». Un investissement humain et financier que les 90 salariés-sociétaires ne semblent pas regretter aujourd’hui, comme en témoignent Cécile, Corinne et Laura. « On soutient notre société et on est fidèles à notre structure. On s’est investi parce qu’on tient à nos emplois, à Pléiades et aux personnes qu’on aide et accompagne quotidiennement. On ne regrette pas notre choix », concluent en chœur les professionnelles, louant un véritable sentiment d’utilité sociale.
Aurélie Marchadier
(*) Pléiades est présente en Roannais, à Feurs, mais aussi à Saint-Étienne Vallée du Gier et sur le secteur de Firminy.
Déménagement en vue du Siad du Mayollet à la rue Salengro
Des locaux trop petits, vieillissants et plus adaptés… Le Siad, Service de soins infirmiers à domicile de Pléiades, qui emploie une quinzaine de collaborateurs, va quitter le site qu’il occupe actuellement au Mayollet. Dès le 1er septembre, il intégrera l’espace santé Maurice-Marchand, rue Salengro où il disposera de 250 m2 contre 80 m2 actuellement. « On va intégrer ainsi une communauté pluridisciplinaire médicale ce qui permettra de mieux coordonner nos interventions », note le directeur qui entend rassurer les usagers actuels. « On ne va pas abandonner notre patientèle. On conservera nos zones d’intervention prioritaires et les tournées resteront les mêmes ». Au Mayollet, peu d’accueils physiques se font. Ils devraient être renforcés avec l’arrivée en centre-ville. « On disposera également au centre de santé d’une salle de soins et de prélèvements offrant des conditions mieux adaptées ». Pléiades investit environ 30.000 euros dans ce déménagement.
Quels sont les nouveaux services ?
Tout en renforçant ses services historiques, Pléiades a souhaité élargir son champ de compétences ces derniers mois, avec à la clef des retombées économiques.
Christophe Damiron, directeur.
Axe important de son activité, l’association renforce le portage de repas à domicile. En Roannais, dès le 1er septembre, une troisième tournée quotidienne sera désormais proposée dans le secteur de Charlieu en plus des deux desservants déjà Roanne et sa périphérie, mais aussi Lentigny ou encore Coutouvre et représentant une centaine de repas portés quotidiennement (fabriqués par la maison Grisard). À la rentrée, une quatrième tournée débutera aussi dans le Forez.
« Pas juste un repas dans un frigo »
« On veut développer l’activité de portage mais pas en augmentant le nombre de clients servis lors de chaque tournée car on souhaite conserver ce lien qualitatif, insiste le directeur. Nos équipes ne mettent pas juste un repas dans un frigo… Elles prennent le temps d’échanger et veillent aussi sur les personnes ». D’où l’idée de créer de nouvelles tournées de proximité plutôt que d’alourdir celles préexistantes.
Déjà 170 devis établis depuis le lancement du service
Depuis le début d’année, Pléiades propose également un nouveau service de conciergerie. « Apporter de l’aide et des soins à domicile c’est important mais il faut, en parallèle, que l’environnement de la personne soit adapté », observe Christophe Damiron. Aussi, l’association a établi des partenariats avec une quarantaine de professionnels qu’elle peut solliciter pour des travaux de bricolage - « nos salariés n’ont pas les habilitations pour changer des ampoules par exemple »-, des travaux comme de la rénovation de salle de bain, du déménagement d’encombrants, la pose d’un monte-escalier, mais aussi de l’entretien d’espaces verts ou de dératisation, sans oublier la téléassistance… « On identifie les besoins et on sollicite les artisans. Des entreprises locales et à taille humaine, insiste le responsable, car il faut qu’on puisse avoir une trace et un suivi. L’idée est qu’on apporte une réponse à tous les problèmes domestiques ». Pléiades a déjà établi 170 devis depuis le lancement du service et c’est elle qui gère la facturation en direct. De quoi générer 80.000 euros de chiffre d’affaires potentiels en six mois de temps. Si cette activité s’accroît, Pléiade pourrait engager une assistante sociale pour accompagner les clients dans la recherche d’aides financières.
Quant au service de crèche, un temps envisagé, il est pour l’heure reporté à 2025. « On ne peut pas tout mener de front. On consolide l’existant, en franchissant étape par étape ».
Face au défi du recrutement
C’est l’un des enjeux majeurs que doit relever Pléiades pour espérer développer son activité : recruter. La structure recherche 40 collaborateurs à temps plein et en CDI. Mais la tâche s’annonce ardue.
Depuis quelques semaines, la publicité est diffusée sur les écrans promotionnels de certains supermarchés du Roannais et via les réseaux sociaux. Et le message est clair : « Pléiades recrute des intervenants à domicile dans toute la Loire ». Et de tous les profils. La structure innove pour informer les habitants du territoire de ses besoins en main-d’œuvre. Des publicités ciblées mais aussi des films promotionnels… « On se doit de repenser notre logiciel par rapport au marché de l’emploi car nous sommes encore en décalage », reconnaît le directeur général. Un constat qui n’est pas nouveau et dépasse bien largement ce seul organisme. Le milieu de l’aide et des soins à domicile peine à attirer de nouvelles recrues. Une réalité qui constitue un frein aux perspectives de développement de la Scop.
Des salaires revalorisés
Pourtant, rappelle Christophe Damiron, ces métiers ne manquent pas d’atouts. Le sentiment d’utilité sociale, le contact humain. Et les salaires aussi qui ont été revalorisés. « Ils sont désormais au-dessus du salaire moyen médian », rappelle le professionnel qui n’élude pas certaines contraintes inhérentes à ces métiers, liées notamment aux amplitudes horaires. Pour éviter le sentiment d’isolement des équipes amenées, par la nature même de leurs interventions, à œuvrer individuellement, Pléiades a aussi lancé une vaste réflexion pour instaurer « des équipes autonomes ». L’idée étant de rendre chaque salarié « acteur de son travail ».
Pour ce faire, la Scop se fait accompagner par un cabinet spécialisé. « En fait, pour attirer des forces vives dans ces professions, il faut rappeler pour qui on le fait et pour quoi », résume Christophe Damiron. Un responsable qui espère que cet appel sera entendu. « On a potentiellement une activité qui serait en forte progression, mais qui se trouve limitée par les difficultés de recrutement. On perd en chiffre d’affaires 180.000 euros par mois, ce qui n’est pas anodin. Un chiffre qu’on réaliserait si on avait le personnel à mettre en face des besoins… »
https://www.le-pays.fr/roanne-42300/economie/depuis-que-pleiades-la-joue-cooperatif_14543835/